La nostalgie camarade ! C’est en recevant mon décompte de points de retraite que le spectre de la Guyane a réapparu. Outre mon volontariat à l’aide technique de l’époque (plus de 20 ans tout de même), je fus également à la fois professeur de mathématique et vétérinaire inspecteur. Mais surtout, je garde le souvenir de la forêt et d’une amitié malheureusement disparue.
Celui qui a mangé du bouillon d’awara doit un jour ou l’autre revenir sur les terres de Guyane: nul doute que j’y retourne un jour.
La pêche, en Guyane, est tellement spectaculaire que vous seriez dégoutés de celle pratiquée en France métropolitaine. Les poissons sortis de l’eau ne font pas moins de 2 à 3 kilogrammes: en deçà, ils peuvent servir d’appât pour les plus gros ou sinon, ils sont rejetés à l’eau. J’ai vu, une fois, un mérou en travers du toit d’une Renault 4l et qui dépassait allègrement de 20 bons centimètres de chaque côté. Les Guyanais ne consomment que des poissons « à écailles » et rejettent les autres à la mer… Aussi, si vous êtes en de bons termes avec les pêcheurs, vous pouvez récolter de la lotte à foison!

Sur la photographie précédente, vous pouvez voir une raie de 21 kilogrammes après pesée, pêchée en pas moins de 45 minutes. En effet, ce poisson cartilagineux a la fâcheuse tendance à faire ventouse sur les fonds sableux. Notez l’aiguillon venimeux qui a été sectionné. La pêche, là-bas, se pratique obligatoirement avec des bas de lignes en acier!
La forêt équatoriale guyanaise abrite peu d’animaux dangereux. Les serpents venimeux ne vivent généralement que là où il y a de la lumière: dans les abattis par exemple. Le long de la côte et à certaines saisons peuvent voler des papillons urticants. Il ne faut pas, dès lors, étendre son linge dehors sous peine d’être rapatrié d’urgence en métropole, la peau en feu. Les crocodiles noir ne vivent que dans les marais de caux à l’est de la Guyane en bordure du brésil: mesurant 6 mètres de long, vous n’avez aucune chance et croupirez au fond de l’eau dans son garde manger. Des raies avec aiguillons venimeux peuvent remonter les fonds sableux des cours d’eau et les poissons électriques peuvent vous asséner un bonne « châtaigne » si vous ne faites pas attention où vous mettez les pieds dans les cours d’eau.

Dans la forêt primaire, tout est démesuré: le plus grand danger est de s’y perdre! Un de mes amis s’est perdu au fond de son propre jardin. Lors de virées dans la forêt, mieux vaux faire des « cassés », c’est à dire casser des petits branchages dans le sens de la marche…

Et souvent, la nature reprend ses droits comme ici, le petit coin surélevé du bagne… (les bagnards n’avaient vraiment pas de quoi cacher grand chose).
La chasse a lieu généralement la nuit, à la lampe frontale. N’étant pas chasseur moi-même, j’en accompagnais afin de pouvoir voir les animaux sauvages. Lors de mes sorties, j’ai pu observer: agoutis, pak, cabiai (le plus gros rongeur au monde), maïpouri (tapir), hocco, singes divers et en particulier singes hurleurs (celui qui vous glace le sang par ses cris si vous n’êtes pas avertis), fourmiliers, caïmans rouges, petite biche, paresseux mais aussi serpents, oiseaux, insectes et arthropodes de toutes sortes.

La vie est rythmée par la chasse, la pêche. Il nous arrivait souvent de ramasser une douzaine d’huîtres de palétuvier dans la mangrove ou y pêcher des crabes en veux tu en voilà.
Mais la Guyane, c’est aussi une zone de tourisme plus ou moins mal connue. Chacun connais l’existence de la zone de lancement européenne pour la fusée Ariane. Les tirs entraînent d’ailleurs un grondement perceptible à Cayenne, située à 60 km du pas de tir, une vingtaine de minutes après le décollage et capable de faire vibrer et tomber de la vaisselle des placards (c’est du vécu!!!). Les îles du salut sont également connues de tous ainsi que le bagne de Cayenne et de Saint Laurent du Maroni.

Mais que dire encore? L’extrémité ouest de ce département Français abrite, sur le littoral, la zone de ponte principale et l’une des dernières à l’heure actuelle des tortues Luth. C’est un spectacle unique et à ne pas rater si vous êtes dans cette période. Les adultes arrivent à croiser les petites tortues à peine écloses au point de les écraser…

Le village Hmong et son marché ou alors le carnaval et ses touloulous en début d’année sont aussi des particularismes qui raviront les touristes cherchant à sortir des sentiers battus.
Nul doute que je serais resté là-bas si je n’avais pas été accompagné. J’espère avoir brossé succinctement mais con-ve-na-ble-ment ce beau département français. Toutes mes pensées sont pour Catherine et Robert que j’ai malheureusement perdu de vue.