Pour tout ceux qui se demandent ce que peut bien transporter le véhicule d’un vétérinaire rural, cet article est fait pour eux. Pour faire des visites dans les fermes, les praticiens ruraux sont contraints d’emmener à la fois du matériel pour le diagnostic ainsi que le matériel pour certaines interventions mais aussi leur pharmacie pour effectuer les soins. Tout ceci représente environ 600 à 800 kilogrammes en fonction du vétérinaire praticien. Il existe des caisses à tiroirs rendant le rangement plus facile; j’ai choisi le plus simple avec 5 tiroirs.
Pour ma part, j’ai opté pour un véhicule utilitaire modèle Caddy de la marque Volkswagen après avoir été échaudé par Ford et déçu des marques françaises. La motorisation est le diésel de 105 chevaux ce qui est largement suffisant pour le véhicule d’un vétérinaire rural.
L’arrière du véhicule est réservé aux trousses d’intervention, aux solutés, à la poubelle ainsi qu’à différentes boites de stockage (casaques et gants de vêlage, petits et grands cathéters, bandes plâtrées, élastoplaste et bande à pied). Parfois, nous emportons du matériel occasionnel comme par exemple un échographe, la mallette de seringues à tuberculine de McLintock, une pince à relever les bovins…
Tiroir des antibiotiques, grands et moyens flaconnages comprenant de gauche à droite et de haut en bas: Duplocilline®, Laocaine®, Finadyne®, Colicilline®, Panadia®, Vétédine solution®, Méloxydil®, Cevaxel®, A180®, Zactran®, Tenaline 10%®, Lotagen®, Calmagine®, Biocolost®, MethioB12®, Intramicine®, iodure injectable, Phosphonortonic®, Tylan®, bolus de cobalt, Dolethal®. Les spécialités varient en fonction des saisons et des pathologies prépondérantes du moment; le mot d’ordre c’est le moins de stock possible.
Demi tiroir obstétrique comprenant de gauche à droite et de haut en bas: oblets gynécologiques, pommade cicatrisante Dermaflon®, matériel de sondage utérin, bombe cicatrisante vaginale Vagizan®.
Tiroir injectables divers comprenant de gauche à droite et de haut en bas: Solumédrol®, Médérandil®, Receptal®, Ocytocine®, Dinolytic®, Voren suspension®, Planipart®, Diurizone® injectable et en poudre orale, Finadyne pâte orale®, Dimazon®, T61®, Ultra B®, Biodyl®, Complexe 24®, boite de 1 kilogramme d’aspirine en poudre, Carbésia®.
Tiroir à solutés comprenant: du calcium sous la forme de chlorure ou gluconate injectable en flacon de 500 millilitres, du glucose injectable en flacon de 500 millilitres, du glucose et bicarbonate en flaconnage de 500 millilitres pour les veaux, un pot de 1 kilogramme de méthionine en poudre, une boite de 6 sachets de sulfamide en poudre, des sachets repas pour les veaux, des pastilles réhydratantes pour les veaux, des comprimés d’antibiotiques pour les entérites néonatales, des sachets de Bésortyl®, des bolus de calcium, des bolus de phosphore, 1 kilogramme de vitamine C, du charbon en pâte orale, 300 grammes de graines de lin.
Tiroir à ordonancier et tout petit matériel comprenant: Trayonotome danois, trocarts pour météorisme, ordonnancier-facturier, crayons, tampons encreurs, trocart pour implants, implants, crayon marqueur pour bovins, sparadrap, bande à pied, lampe frontale, lampe de poche, vaginoscope.
Tiroir pour le matériel d’injection et les sachets: aiguilles d’injection de différentes tailles selon les types et la localisation des injections, conteneur à objects contondants, gants de fouille, savon, trocarts, cathéters, Vétédine savon®, Vétédine solution®, sulfate de soude, Provichoc®, sachets pour acidose, sachets pour ruminer, sachets d’acide oxolinique, Rumigastryl®, Bovi C3®.
Trousse à castration comprenant de gauche à droite et de haut en bas: Antibiotique à base d’oxytétracycline, antiseptique à la chlorexidine, savon à la chlorexidine, bombe cicatrisante à base d’aluminium, sérum antitétanique, seringues de 10 et 20 millilitres et aiguilles, lames de bistouri.
Trousse de consultation comprenant de gauche à droite et de haut en bas: gants de fouille, stéthoscope, détecteur de métaux, miroir amovible pour regarder sous les pieds, savon antiseptique, sondes urinaires, bandelettes urinaires, thermomètre, bol à fond noir, aiguillon électrique, seringues et aiguilles de ponction, tubes à prélèvement sanguin.
Trousse pour prolapsus utérin et vaginal comprenant de gauche à droite et de haut en bas: fil de suture irrésorbable, élastique pour hystérectomie, Planipart®, laocaïne pour épidurale, désinfectant à base de chlorexidine, épingles vulvaires, lames de bistouri, aiguilles pour intraveineuse et épidurale, seringue de 20 millilitres, oblets gynécologiques, aiguille de Bühner et bandage de Bühner.
Trousse de mise sous perfusion comprenant de gauche à droite et de haut en bas: boite pour le matériel de pose, flaconnage vide pour les aiguilles et objets contondants, petits perfuseurs, perfuseurs pour grands animaux, seringues et aiguilles, porte-aiguille, ciseaux, bobines de Vicryl®, lames de bistouri, bande à pied, cathéters pour veaux, cathéters pour vaches.
Trousse pour vêlage comprenant de gauche à droite et de haut en bas: savon à la chlorexidine, lacet de vêlage, boite pour la réanimation des veaux nouveau-nés, anesthésie, et hémostase, boite pour le rasage et aiguilles de suture de secours, brosse de nettoyage, lac de contention pour les postérieurs de bovins, 2 pinces hémostatiques, pinces mouchettes.
Trousse à césarienne comprenant de gauche à droite et de haut en bas: chlorexidine, bombe cicatrisante à base d’aluminium, gants pour l’aide à l’abomasopexie, fils de suture résorbable, fil de suture irrésorbable, seringues de 50 millilitres, flacon de penicilline-streptomycine, flacon d’anesthésique local (laocaïne), pince atraumatique à mors en caoutchouc, boite d’instruments stériles d’intervention chirurgicale pour grands animaux ( aiguille cadavérique, aiguille courbe à section ronde, aiguille courbe à section triangulaire, ciseaux, ouvre lettre, pastille désinfectante), perfuseur recyclé pour le dégonflage de l’abomasum.
Trousse à embryotomie comprenant de gauche à droite et de haut en bas: huile silicone, papier essuie tout, embryotome de Thygesen, passe cable scie fil et furet, crochet de vêlage articulé, passe-lacs à anneaux en inox, poignées pour scie-fil, bobine de scie-fil, pinces coupantes.
Ceinture de charpentier détournée de son usage initial. Elle sert désormais pour les prélèvements sanguins à répétition. Elle contient:
Une paire de ciseaux, stylo bic, vacutainer pour tube sec, aiguilles, porte aiguille.
Tiroir pour gros outils: appareil pour drenchage, lance bolus, taille onglon, serre jarret, petit matériel de pédicure.
La blouse, les bottes et les sur-bottes sont dans une caisse côté passagé.
Il est nécessaire après cet inventaire à la Prévert, une liste non exhaustive d’ailleurs, de remettre les pendules à l’heure avec nos chers (dans tous les sens du terme) politiques. Il est dans l’air du temps de mettre à l’amende l’ensemble des professions libérales dont la notre. Certains arguent comme le montre la petite video extraite de l’émission C dans l’air diffusée sur france 5 le 17 Juillet 2014, qu’il n’est point besoin d’être diplômé pour exercer le métier de vétérinaire et que nous sommes des rentiers!!! Remettant notre métier au niveau de celui de coiffeur ou de conducteur de taxi: écoutez… 2 minutes 15 d’âneries!
Monsieur Elie Cohen, en ce qui nous concerne, nous, vétérinaires ruraux, vous ne savez pas de quoi vous parlez. Je vous invite à venir nous voir sur le terrain. Car on finit par croire que le décalage entre nos instances dirigeantes, nos « grosses têtes » et les réalités du terrain sont un fait établi. Les acteurs de notre gouvernement et en particulier Arnault Montebourg montent également au créneau pour stigmatiser les professions libérales, écoutez:
Monsieur notre cher ministre Arnault Montebourg, vous êtes-vous demandé si votre salaire est mérité? Car si vous étiez payé au résultat, vous feriez sans nul doute grise mine. Sachez que si nous nous rapportons au tarif horaire, nous flirtons avec le SMIC. Nous sommes en effet bien au dessus des 35 heures par semaine!
Allez-y, lancez vos réformes à tout va! Mais n’oubliez pas que nous sommes aussi des employeurs. En ce qui me concerne, je fait parti d’une association de 4 praticiens qui emploient 3 secrétaires. Les premiers à pâtir de vos mesures seront nos salariés, car nous ne pourrons plus les payer. Nous n’assurerons plus les gardes pour la gloire; actuellement, vous pouvez, à la campagne, avoir un service 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24. Nos clients n’arrêtent pas de nous dire qu’il sont mieux servis par les vétérinaires que par leur propre médecin! Les temps risquent de changer si vous mettez en pratique certaines de vos mesures.
Laissez donc aux premiers venus le soin d’assurer l’épidémio-surveillance et attendez la survenue d’une bonne maladie émergente comme la fièvre aphteuse et vous aurez une situation similaire à celle survenue au royaume-unis en 2001 (30 millions de dollars de perte de revenus à l’industrie britannique par semaine), alors que les foyers ont été circonscrits rapidement en France grâce au réseau d’épidémio-surveillance constitué principalement des vétérinaires praticiens ruraux.
Laissez l’usage des antibiotiques aux seuls éleveurs et leur commercialisation aux seuls pharmaciens et mesurez par la suite leur consommation en volume. Car je doute fort que les pharmaciens détaillent afin de ne traiter que l’animal malade… Je doute fort que les éleveurs prennent les précautions d’usage face à des produits qui passeront dans la consommation courante (moins chers et plus accessibles).
La pénibilité de notre métier est bafouée. Nous entrons dans le monde du travail à l’issue d’études longues (1 an de préparation au concours d’entrée, 4 années plus un redoublement à l’Ecole Vétérinaire de Toulouse et 1 an pour la thèse, donc 6 années d’études); le revers de la médaille est que pour partir à la retraite, je dois, dans l’état actuel des choses, travailler jusqu’à…. …..67 ans. J’ai bien peur, comme bon nombre de mes confrères, d’être incapable d’arriver jusque là. Que dire des jeunes confrères prêts à reprendre le flambeau? C’est simple, il n’y en a plus. Je sais que l’investissement que j’ai fait pour les droits de présentation à la clientèle, soit 1 an de bénéfice, ont été fait en pure perte, je peux désormais m’asseoir dessus. Les jeunes vétérinaires ont beau avoir la vocation, ils trouvent le métier trop dur et d’avenir incertain. J’ai pour seule compensation les clients reconnaissant de nos services, voire fiers de leur vétérinaire: c’est parfois ce qui nous fait encore tenir.
Messieurs les politiques, vous fragilisez certains maillons du tissu social français: méfiez-vous du jour où un ou plusieurs maillons lâcheront! Dans un prochain article, j’essayerai de faire le tour de nos activités, ce qui ne manquera pas de rendre compte de notre polyvalence.