Le château des Rochers Sévigné est situé à 7 kilomètres au sud est de Vitré. Il est célèbre de par sa propriétaire, Madame de Sévigné et ses correspondances. On recense aujourd’hui 1120 lettres de Mme de Sévigné, dont 764 à sa fille Mme de Grignan, 126 à son cousin Bussy, et 220 lettres adressées à 29 autres destinataires.
Le chateau se visite de 11 heures du matin jusqu’à 18 heure avec des tranches horaires de visite. La visite en elle-même dure environ une heure au cours de laquelle vous visiterez la chapelle, le premier étage de la tour médiévale ainsi que les jardins à la française.
Le château est un domaine privé. Le propriétaire a passé un accord avec la ville de Vitré. En échange de l’ouverture au public de la chapelle et du premier étage de la tour médiévale, la ville de Fougères entretient via le personnel des espaces verts, les jardins à la française.
Le fils de Mme de Sévigné a fait tracer en 1689 les jardins à la française dessinés par Le Nôtre.
Le château côté cours. D’autres sources de revenus sont nécessaires au propriétaire pour l’entretien du château, c’est pourquoi un golf a été crée dans les années 1990.
La chapelle est située à l’angle sud-ouest de la cour, face au colombier. Madame de Sévigné, en partie sans doute pour son oncle l’abbé de Coulanges, fait reconstruire cette chapelle en adoptant le type, à la mode à Paris, de la chapelle à plan centré, octogone et couverte d’une coupole de bois sous une toiture à l’impériale.
A l’époque de Madame de Sévigné, c’était à la mode d’avoir des allées d’orangers. Le climat breton necessitait la rentrée des plantes en pot en période hivernale dans l’orangerie photographiée ci-dessous.
L’entrée du château ou place Coulange, célèbre pour son écho artificiel lorsque l’on se place sur les dalles prévues à cet effet.
Le parc ou bois de décoration dont les allées ont été percées, plantées et nommées par Mme de Sévigné, est ouvert à la visite libre. Ici un promenoir dans le parc du château.
Les photographies qui suivent sont prises de la pièce accessible au public au premier étage de la tour médiévale. Le seul intérêt que présente la visite de cette pièce tient dans les commentaires du guide à propos du mobilier: 5 tableaux, 5 fauteuils d’époques différentes, une table de chasse et un chandelier. Le tableau représentant la marquise de Sévigné à ses 18 ans avec son cadre d’époque.
L’édition épistolaire visible dans l’orangerie par laquelle on accède pour les visites.
Des détails de mobilier
Détail d’une table de découpe de chasse
L’un des détails croquignolesque de cette époque a été mise en scène dans une fable de Jean de La fontaine ami de la marquise de Sévigné. La fille de cette dernière, qui deviendra la Comtesse de Grignan, était considérée comme l’une des plus belles femmes si ce n’est la plus belle. Louis IV aurait bien aimée la prendre comme maitresse et du coup la glisser dans son lit. Elle s’y est toujours refusée, ce qui ne manque pas d’un certain courage à l’époque…
Le lion amoureux de La fontaine
Sévigné, de qui les attraits
Servent aux Grâces de modèle,
Et qui naquîtes toute belle,
A votre indifférence près,
Pourriez-vous être favorable
Aux jeux innocents d’une fable,
Et voir, sans vous épouvanter,
Un lion qu’Amour sut dompter ?
Amour est un étrange maître.
Heureux qui peut ne le connaître
Que par récit, lui ni ses coups !
Quand on en parle devant vous,
Si la vérité vous offense,
La fable au moins se peut souffrir
Celle-ci prend bien l’assurance
De venir à vos pieds s’offrir,
Par zèle et par reconnaissance)
Du temps que les bêtes parlaient,)
Les lions, entre autres, voulaient
Etre admis dans notre alliance.
Pourquoi non? Puisque leur engeance
Valait la nôtre en ce temps-là,
Ayant courage, intelligence,
Et belle hure outre cela.
Voici comment il en alla.
Un lion de haut parentage
En passant par un certain pré,
Rencontra bergère à son gré
Il la demande en mariage.
Le père aurait fort souhaité
Quelque gendre un peu moins terrible.
La donner lui semblait bien dur;
La refuser n’était pas sûr;
Même un refus eût fait possible,
Qu’on eût vu quelque beau matin
Un mariage clandestin ;
Car outre qu’en toute matière
La belle était pour les gens fiers,
Fille se coiffe volontiers
D’amoureux à longue crinière.
Le père donc, ouvertement
N’osant renvoyer notre amant,
Lui dit » Ma fille est délicate;
Vos griffes la pourront blesser
Quand vous voudrez la caresser.
Permettez donc qu’à chaque patte
On vous les rogne, et pour les dents,
Qu’on vous les lime en même temps.
Vos baisers en seront moins rudes,
Et pour vous plus délicieux ;
Car ma fille y répondra mieux,
Etant sans ces inquiétudes. »
Le lion consent à cela,
Tant son âme était aveuglée !
Sans dents ni griffes le voilà,
Comme place démantelée.
On lâcha sur lui quelques chiens
Il fit fort peu de résistance.
Amour, amour, quand tu nous tiens,
On peut bien dire » Adieu prudence! »
La visite de ce Château offre un rare moment de calme et de méditation. Les commentaires du guide nous plongent dans cette époque où les occupants des lieux avaient une vie d’apparence moins oppréssée.